Mardi 21 mai 2013
Un calme précaire règne à Goma
Le vice gouverneur du Nord Kivu affirme que la situation est sous contrôle
Un calme précaire règne actuellement à Goma quelques heures après les affrontements entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23 dans la matinée d'hier lundi 20 mai 2013. Tôt dans la matinée, ces affrontements ont opposé les forces loyalistes et les rebelles du mouvement du M23 à Mutabo, à environ 10 kilomètres de la ville de Goma. Selon des sources en provenance de Goma, les FARDC et les casques bleus de la Monusco ont déployé un impressionnant dispositif sur le front, avec des chars de combat, de véhicules blindés et autres véhicules tout terrain venus de Buremana, le quartier général de la 8ème région militaire, au Nord Kivu.
Dans la soirée du lundi 20 mai, le vice-gouverneur de la province du Nord-Kivu, Feller Lutahichirwa, a appelé la population au calme. « La situation est sous contrôle des Forces armées de la RDC et des éléments de la Monusco qui veillent au grain.. En outre il y a la brigade spéciale qui est en train de se déployer sur terrain », a déclaré le gouverneur du Nord Kivu. Le vice- Gouverneur du Nord Kivu a demandé à la population de dénoncer les éventuels infiltrés du M23 dans la ville de Goma. « Nous tenons à rassurer la population pour qu'elle fasse confiance aux FARDC avec nos partenaires. Donc, nous pensons qu'il faudra que la population ne puisse pas céder à l'intoxication et ne pas jouer le jeu de l'ennemi qui est en train de travailler à travers les SMS pour que la population puisse paniquer », a déclaré Feller Lutahichirwa, ajoutant :
« Ce n'est pas parce qu'un mouvement aurait gagné quelques combats par le passé, que ce mouvement serait amené à gagner toujours dans l'avenir. Nous savons que la population de Goma pourrait être facilement victime des rumeurs par crainte de ce qu'elle avait vécu ».
Feller Lutahichirwa estime que « l'environnement est différent ».
« Le temps a fait que l'on puisse tirer des leçons. Quelqu'un peut narguer le monde entier une fois, deux fois, mais pas éternellement », a poursuivi le vice-gouverneur du Nord-Kivu.
La rupture
Les combats entre les FARDC et le M23 sont les premiers depuis le retrait des rebelles du M23 de la ville au mois de décembre 2012.En effet, au mois de novembre 2012, le M23 avait occupé la ville de Goma pendant une dizaine de jours avant de se retirer sous la pression de la communauté internationale. La prise de Goma par les hommes du M23 a occasionné le déplacement des centaines de personne, en l'occurrence des civils vers le camp de Mugunga. Réunis à Addis-Abeba, les chefs d'Etat de la Conférence internationale de la région de Grands lacs (CIRGL) avaient demandé aux rebelles de se retirer de 20 kilomètres de la ville de Goma.
Mais pour Feller Lutahichirwa, le M23 n'a jamais respecté ses engagements. C'est ce manque de discipline des rebelles qui est à la base de ces nouveaux affrontements, a-t-il affirmé.
La politique de l'absurde
La Mission des Nations unies pour la stabilisation en RD (Monusco) a exprimé face à cette reprise des hostilités. Elle a souligné que des solutions diplomatiques et politiques sont envisagées, et que tous les efforts sont déployés pour contenir et mettre fin à ces affrontements.
Pour un grand nombre d'observateurs, en lançant cette attaque, le M23 veut faire passer un message au secrétaire général des nations Unies, M. Ban Ki Moon qui arrive dans quarante- huit heures à Goma. Les rebelles veulent tenter une dernière action pour dissuader la communauté internationale qui n'entend plus lésiner sur les moyens pour les mettre hors d'état de nuire. Pour ce faire, tous les moyens sont bons, y compris les attaques sur Goma, pour espérer obtenir une nouvelle chance de négociation. Le M23 sait qu' avec le déploiement de la brigade spéciale, l'étau se resserre autour de lui. La seule issue de sortie pour lui c'est de s'auto dissoudre et de renoncer à sa politique suicidaire qui consiste à faire en sorte que le sang coule à nouveau dans le Nord Kivu.
Luc-Roger Mbala Bemba
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