Crée le 11-03-2013 12H15 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le lundi 11-03-2013 -19H00 PAR : ARTV NEWS
Le Premier ministre kényan sortant, Raila Odinga, préparait lundi son recours devant la Cour suprême pour contester la victoire de son adversaire Uhuru Kenyatta à l'élection présidentielle, une victoire saluée par la Chine, plusieurs pays africains, mais aucun encore en Occident.
© AFP Till Muellenmeister. Des sympathisants du candidat Raila Odinga protestent contre sa défaite à Kisumu, le 9 mars 2013
Samedi, après cinq jours d'un dépouillement ralenti par une série de couacs, la Commission électorale kényane a annoncé la victoire de M. Kenyatta, 51 ans, fils du premier président kényan et héros de la lutte d'indépendance Jomo Kenyatta.
Tout au long du décompte, M. Kenyatta a devancé de plusieurs centaines de milliers de voix son principal rival M. Odinga. Il n'a finalement cependant passé la barre des 50% de voix nécessaire pour une victoire au premier tour qu'à quelque 8.400 voix près.
Le nouveau président élu avec 50,07% des suffrages a célébré "le triomphe de la démocratie": à l'inverse du précédent scrutin, dont le résultat contesté avait déclenché de meurtrières violences, les Kényans ont voté, attendu et accepté les résultats dans le calme.
Samedi, M. Odinga -- crédité de 43,31% des voix -- a, tout en appelant ses supporters à rester calmes, dénoncé "des irrégularités massives" et annoncé saisir la Cour suprême.
Le camp Odinga a sept jours, à compter de l'annonce des résultats, pour déposer ce recours. Selon une source dans l'entourage du Premier ministre sortant, ce sera fait "probablement mercredi".
"Entre autres choses", a précisé cette source, sera posée la question de la participation massive à la présidentielle, bien supérieure à celle des autres élections (Assemblée nationale, sénat, gouverneurs, représentants départementaux) qui étaient organisées simultanément. Selon ce proche de M. Odinga, la cour suprême sera aussi saisie sur "la réduction et la hausse drastiques du nombre d'électeurs survenues dans certaines circonscriptions après la fin officielle de l'enregistrement des électeurs".
Le chef de la Cour suprême, Willy Mutunga, ancien militant respecté des Droits de l'homme, a le pouvoir d'ordonner un nouveau décompte, un nouveau vote, ou rejeter le recours.
Casse-tête diplomatique
Lundi, Uhuru Kenyatta, élu malgré une inculpation devant la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle présumé dans les violences ayant suivi la présidentielle de décembre 2007, endossait cependant déjà son statut de chef de l'Etat. Sur twitter, il lançait : "Le Kenya jouera son rôle légitime dans la région et le continent". Et disait avoir reçu les félicitations des ambassadeurs burundais, sud-soudanais ou encore rwandais.
Le président élu ne pourra être officiellement investi qu'après le verdict de la Cour suprême -- prévu sous 14 jours après le dépôt du recours. Mais dans le week-end, il a déjà aussi reçu les félicitations des présidents sud-africain Jacob Zuma, ougandais Yoweri Museveni, somalien Hassan Cheikh Mohamoud et tanzanien Jakaya Kikwete.
"La Chine félicite M. Kenyatta pour son élection à la présidence", a déclaré lundi la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. La Chine, à l'influence et au poids économique croissant depuis dix ans au Kenya, "souhaite renforcer (sa) coopération avec le nouveau gouvernement" de ce pays, a ajouté la porte-parole.
Les puissances occidentales se sont en revanche pour l'instant gardées de féliciter M. Kenyatta, préférant saluer le comportement des Kényans pour des élections pacifiques.
Les relations des pays occidentaux et du nouveau président kényan sont tendues et risquent de se transformer en casse-tête si la Cour suprême déboute M. Odinga : depuis son inculpation devant la CPI, les capitales occidentales ont des contacts limités avec M. Kenyatta et ce dernier leur a ouvertement reproché pendant la campagne de soutenir son rival.
Un important dispositif sécuritaire avait été déployé dans les grands bidonvilles de Nairobi, où vivent de nombreux supporters du Premier ministre sortant, ainsi que dans son fief de Kisumu (ouest), mais aucun incident majeur n'a été signalé.
La présidentielle de 2007, déjà perdue par M. Odinga, avait débouché sur les pires affrontements politico-ethniques du Kenya indépendant (plus de 1.000 morts et des centaines de milliers de déplacés).
Le procès de M. Kenyatta devant la CPI doit s'ouvrir le 9 juillet. Celui de son vice-président William Ruto, lui aussi inculpé à La Haye, le 28 mai.
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