Crée le 08-03-2013 09H15 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le vendredi 08-03-2013 -13H34 PAR : syfia grandslacs
Au Bas-Congo, au sud-ouest de Kinshasa, des jeunes sont devenus accrocs aux produits aphrodisiaques pour améliorer leurs performances sexuelles. Ces produits vendus par des commerçants ambulants et tradipraticiens, vantés même dans les médias, inquiètent médecins et société civile.
"Vous voulez agrandir votre pénis et devenir très viril, vous voulez faire durer le plaisir…nous avons une solution pour vous. Cela évitera à votre partenaire d'aller voir ailleurs", diffuse en boucle une des radios de Matadi. Au parking des taxis de Boma, la deuxième ville du Bas-Congo après Matadi, un tradipraticien du nom de Liévin Lokonda a installé une gamme de produits sur un étal de fortune qu'il appelle "centre traditionnel Lokonda II". Un titre évocateur attire les passants : "Ankoro force" (Ankoro, un village du Katanga d'où serait venu la plante aphrodisiaque). Ce produit à base de plantes sauvages se vend en poudre dans un petit sachet (0,5$) mais aussi en liquide dans une bouteille de 1,5 l (3$). Depuis quelques temps, dans la province du Bas-Congo, des jeunes, à la recherche de "la force" ou d'exploits sexuels, se ruent sur tous les produits présentés comme stimulant la libido, convaincus qu'ainsi ils feront mieux l'amour. "A cause des navettes journalières Matadi-Boma, je me sentais fatigué à tout moment mais avec Ankoro, je suis redevenu performant", témoigne un chauffeur. Pour de nombreux jeunes, les relations sexuelles ne sont pas un moment de plaisir mais une occasion de prouver à sa partenaire qu'on est fort. "Les femmes n'aiment pas les hommes faibles. Ces produits qui ne sont pas toxiques, nous aident énormément", soutient un étudiant de Mbanza-Ngungu, ville située à 215 km de Matadi.
Effets secondaires et dépendance
Une bonne affaire pour les petits vendeurs, médecins traditionnels, officines pharmaceutiques qui vendent produits locaux ou d'origine chinoise, américaine…
Les médecins sont pourtant méfiants. "Certains couples ou certaines personnes pensent que la prise d'aphrodisiaques réglera leurs difficultés sexuelles. Ils ne font que retarder une prise en charge efficace avec un praticien", explique le Dr Claver. Les abus sont nombreux et certains jeunes deviennent dépendants. "Les aphrodisiaques doivent se prendre au terme de consultations médicales, car tout le monde n'en a pas besoin. A l'âge adulte beaucoup de ces jeunes seront fatigués et malades, prévient le Dr Aimé Dinzau, coordonnateur provincial de la santé de la reproduction. La plupart de ces produits augmentent la tension artérielle et certains meurent au dessus des femmes..."
Pharmacien inspecteur provincial, Alphonse Nzuzi explique que "ce sont des produits non formels. Il faut d'abord que les médecins confirment leur efficacité." Le président des forces vives de Mbanza-Ngungu, Robert Lukebana, n'hésite pas à passer dans les médias pour sensibiliser les habitants. "Mbanza-Ngungu doit se développer avec la force des jeunes. Cessez donc de vous adonner aux aphrodisiaques qui vont vite vous fatiguer", conseille-t-il. Son collègue de la société civile de Boma, Liévin Mpoyi, embouche la même trompette : "ces jeunes détruisent leurs organismes avec des aphrodisiaques. Nous le leur faisons remarquer lors de nos rencontres mais beaucoup ne comprennent pas". "Je n'ai jamais connu des problèmes avec mes clients, car je dose les produits en fonction de leur poids", se défend le tradipraticien Lokonda. "Je ne fais jamais du bruit dans les médias. Ce sont ceux qui prennent ces produits qui sont mes agents publicitaires", se vante-t-il même.
Conscient des conséquences, Botoko Ya Nkangu, administrateur du territoire de Mbanza-Ngungu tente de traquer ces vendeurs d'illusion. "Nous ne devons pas laisser ces produits détruire la jeunesse", explique-t-il. Mais ils ne sont pas nombreux à le faire. L'inspection provinciale médicale, sans moyens, n'arrive pas à contrôler les tradipraticiens. "Nous n'avions pas les moyens pour le faire", se plaint le pharmacien inspecteur. "Il faut que l'autorité intervienne avant qu'il ne soit trop tard", plaide Didier Mambweni, vice-président de la société civile du Kongo central.
Alphonse Nekwa Makwala
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