Tuesday, May 8, 2012

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L'équipe du président : des fidèles mais aussi quelques nouveaux
May 9th 2012, 04:26

 

 

Crée le 09-05-2012-06h10 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le meredi 9-05-2012 -06H15- AFRIQUE REDACTION PAR:AFP

Toulouse, c'est une tradition : depuis Mitterrand, le PS y fait son dernier grand meeting avant le second tour. François Hollande, qui adore les symboles, n'y a pas dérogé. Pour l'occasion, jeudi, le ban et l'arrière-ban socialiste avaient fait le déplacement. Tout comme une dizaine de dirigeants d'Europe Ecologie-Les Verts, l'ancien communiste Robert Hue, Jean-Pierre Chevènement ou le président des Radicaux de gauche, Jean-Michel Baylet. « Tout le monde est là... Il n'en manque pas un », sourit avec ironie un membre de l'équipe.



Mais en coulisses, ils ne sont qu'une poignée à suivre le discours de leur champion. Sur le bord de la scène, on aperçoit la compagne, Valérie Trierweiler, le fils, Thomas Hollande, l'attaché parlementaire, Frédéric Monteil, Faouzi Lamdaoui, le directeur de cabinet de la campagne, le député européen, Stéphane Le Foll, mais aussi le directeur de la communication de la campagne, Manuel Valls, avec son bras droit, Christian Gravel, et la plume du candidat, Aquilino Morelle. Le directeur de campagne, Pierre Moscovici, est resté dans l'espace VIP, au pied de la scène.

Au fil des semaines, ceux-là ont entouré le candidat, par fidélité ou à force de jouer des coudes. D'autres, plus discrets encore, n'apparaissent guère. D'autres encore, pourtant dans l'organigramme officiel, pléthorique, n'ont joué qu'un rôle mineur. Hollande a défendu toute la campagne une même méthode qu'il voulait héritée de François Mitterrand – « mais en bien plus bordélique », grince un conseiller – celle de cercles concentriques qui ne se connaissent pas, dont le seul dénominateur commun est le candidat lui-même.

Ainsi en fut-il par exemple, pour la diplomatie. Si Laurent Fabius a été officiellement chargé de plusieurs missions à l'étranger – la Chine, Israël, le Gabon –, c'est Martine Aubry qui s'est rendue au Maroc ou en Russie, et Lionel Jospin au Sénégal. Avec l'Allemagne, « des types font des voyages en étant plus ou moins missionnés. Tout le monde voit des ambassadeurs. Plein de messages passent dans tous les sens, mais personne n'est mandaté explicitement, explique un conseiller. C'est comme cela depuis le début de la campagne. D'où une certaine désorganisation ».

« Une des règles essentielles d'une campagne, c'est de ne pas se laisser enfermer par les conseillers. François a largement décidé jusqu'au bout ce qu'il voulait. Il a toujours gardé sa liberté de choix », explique un de ses très proches, Stéphane Le Foll. Difficile, dans ce contexte, de se prêter aux jeux des pronostics des futurs maroquins ministériels qui attisent tant de jalousies depuis que la victoire se dessine. Mais dans la campagne, certains ont marqué des points. D'autres en ont perdu.

Le rôle des fidèlesJusqu'au bout, Hollande est d'abord resté fidèle à ses très proches. Ceux qui l'ont suivi au lendemain du congrès de Reims, quand il a entamé sa longue traversée du désert. Ceux qui étaient à Lorient, en 2009, pour le début de la reconquête (lire notre enquête ici). Ceux qui partagent sa sensibilité sociale-démocrate et une « position centrale » revendiquée dans les courants du PS. On y trouve, entre autres, Stéphane Le Foll, les députés Michel Sapin, chargé du projet présidentiel dans l'équipe de campagne, Bruno Le Roux et André Vallini, Faouzi Lamdaoui, ou le président de la Région Bretagne, Jean-Yves Le Drian, rejoints par Jean-Marc Ayrault, chef du groupe PS à l'Assemblée et favori pour Matignon... « François nous écoute », explique Le Foll.

Sur le fond, Hollande a conservé ces derniers mois la stratégie et les grands axes qu'il avait lui-même fixés avec une poignée de proches voilà plus d'un an : priorité à la jeunesse, contrat de génération, pacte productif avec l'accent mis sur la réindustrialisation... Tout cela figurait déjà dans son petit livre-programme de septembre 2010, écrit notamment par le maire de Quimper, Bernard Poignant. Archiviste autoproclamé du "hollandisme", c'est lui qui a accueilli Hollande pour son déplacement de campagne au lendemain du premier tour.

Autre exemple : Stéphane Le Foll, furieux au début de la primaire de se voir privé du statut de directeur de campagne au profit du transfuge strauss-kahnien, Pierre Moscovici, a, dans les faits, conservé un rôle de premier plan, participant, par exemple, à la préparation du débat d'entre-deux tours face à Nicolas Sarkozy. « Moi, la ligne de François, je la connais par cœur. Je l'ai toujours partagée, je n'ai jamais eu de divergences politiques », explique le député européen. Il est donné favori pour le ministère de l'agriculture, un sujet que l'élu de la Sarthe connaît bien.

D'autres "amis" ont davantage souffert : c'est notamment le cas d'André Vallini, chargé de la justice dans l'équipe Hollande, et qui est longtemps resté dans l'ombre en raison de la procédure aux prud'hommes (révélée par Mediapart) où il était accusé de harcèlement moral par une ex-collaboratrice. Il a fini par conclure une conciliation et est réapparu au premier rang des meetings, autorisé à envoyer des communiqués de presse siglés de l'équipe officielle. Vallini était à Toulouse jeudi, et à la grande conférence de presse pré-présidentielle de l'entre-deux tours. Son sort en cas de victoire reste indécis.

Tout comme celui du sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen : proche de Hollande, d'abord favorable à la candidature de DSK avant de se rallier au député de Corrèze, il s'est occupé des questions de sécurité lors de la campagne. Un sujet sur lequel il a longtemps milité au PS pour un changement de ligne (lire notre entretien). Mais le poste est ultra-convoité, notamment par Manuel Valls. Ses réseaux, ceux de l'ancien ministre de l'intérieur Pierre Joxe, sont parfois jugés vieillots, et il a été publiquement désavoué sur la dépénalisation du cannabis fin avril.

Dans le premier cercle, il faut aussi compter les "amis", souvent dans l'ombre, souvent issus de la même promotion de l'ENA, la fameuse "promo Voltaire" (où figuraient aussi Ségolène Royal et Michel Sapin). Il en est ainsi de Jean-Pierre Jouyet, président de l'Autorité des marchés financiers et ancien ministre d'ouverture de Nicolas Sarkozy, dont Hollande ne veut pas se passer en cas de victoire, ou encore du préfet Pierre-René Lemas, directeur de cabinet de Jean-Pierre Bel au Sénat et qui peut prétendre au secrétariat général de l'Élysée, tout comme Dominique Villemot, ou bien du diplomate Jean-Maurice Ripert.

Dans la campagne, d'autres visages ont aussi réussi à s'imposer. Au premier rang desquels Manuel Valls, déjà révélé au grand public lors de la primaire socialiste, où sa ligne volontairement « moderniste », voire droitière, a montré sa cohérence politique. François Hollande l'a chargé aussitôt après de sa communication. Ami proche de Stéphane Fouks d'EuroRSCG, Valls a accompli sa mission avec un talent reconnu jusque dans les rangs de ses adversaires.

Le grand meeting du Bourget, véritable entrée en campagne de Hollande, le 22 janvier, fut un succès. Comme le rassemblement de plein air de Vincennes ou de Toulouse, et les petits meetings en extérieur organisés quasi quotidiennement pour ratisser le territoire. La réalisation était souvent léchée, avec à la baguette André Loncle, le fils du député François Loncle, passé par EuroRSCG avant de monter sa société Globe Prod. « C'est super pro, carré et propre, le tout très rapidement », témoigne un membre de l'équipe.

Au fil des semaines, Manuel Valls a pris de plus en plus d'importance. Quitte à agacer les anciens. Quitte à parfois humilier les concurrents. « Il a bouffé tout l'espace de la communication. Et il l'a bien fait », grince un ancien de l'entourage Hollande. Mais ajoute-t-il, « la ligne politique, ce n'est pas lui. Il a fait des propositions, mais on ne l'a pas toujours suivi ».

Il fait tout de même partie des noms qui ont circulé pour occuper Matignon avec l'avantage d'incarner un renouvellement et d'envoyer un signal aux électeurs du centre, voire de droite, en affichant une ligne de rupture sur la sécurité ou l'immigration. « Il a pour lui de ne jamais avoir changé de ligne politique. Et il est prudent », dit un de ses camarades socialistes. Une prudence qui l'a conduit à rapidement s'éclipser de la soirée d'anniversaire de Julien Dray, où DSK était présent, au contraire de Pierre Moscovici.

Valls ne fait guère mystère de son ambition d'emporter le ministère de l'intérieur, où il est en concurrence avec François Rebsamen. Mais il souffre à la fois d'un manque de réseaux prêts à être activés et de son amitié intime avec le "criminologue" autoproclamé Alain Bauer, un des transfuges de la gauche que Nicolas Sarkozy avait attirés dans ses filets, et que beaucoup autour de Hollande regardent avec méfiance.

Le candidat s'est aussi rapproché d'Aquilino Morelle : inconnu du grand public, ancien du cabinet de Lionel Jospin à Matignon, il était le directeur de campagne d'Arnaud Montebourg lors de la primaire. Jugé brillant par ses pairs, discret, il a fait office de plume. Avec Hollande, la "plume" n'écrit pas seule : le candidat lui-même y appose sa patte mais Morelle a joué un rôle incontestable depuis le discours du Bourget. « Au minimum 50 % du discours », estime un proche du député de Corrèze.

Fait rare, Morelle a été promu pendant la campagne en même temps que son ancien "patron", Arnaud Montebourg : quand ce dernier était officiellement nommé « représentant spécial » du candidat, la "plume" devenait « directeur adjoint de campagne ». « Au fil de la campagne il a davantage participé aux décisions », confirme un ami de Hollande. Lors des investitures pour les législatives à l'automne, Morelle n'était pas parvenu à obtenir une circonscription. Il pourrait suivre Hollande à l'Élysée en cas de victoire.

Quant à Montebourg, très présent dans les médias ces dernières semaines, il se verrait bien au gouvernement, en charge des questions industrielles et/ou de transition énergétique. Autre jeune quinqua, ancien complice de Montebourg au début des années 2000, Vincent Peillon paraît incontestable pour s'installer au ministère de l'éducation (lire notre entretien).

Par ailleurs, Hollande, entouré en très grande majorité d'hommes, a promis un gouvernement strictement paritaire – sans préciser si cette parité concernerait les gros ministères. Dans la campagne, deux de ses porte-parole, très présentes, étaient des femmes, et jeunes : la députée Delphine Batho et l'ancienne porte-parole de Ségolène Royal, Najat Vallaud-Belkacem. Très visible aussi, la députée Aurélie Filippetti en charge de la culture et qui avait rejoint Hollande dès la primaire. Tout comme la députée ex-strauss-kahnienne Marisol Touraine, dont le travail à la tête du pôle affaires sociales a été apprécié durant la campagne (lire notre entretien).

Hollande est aussi parvenu à gagner le soutien, publiquement sans faille, des principaux dirigeants du PS. Ainsi en est-il de Laurent Fabius, qui a joué un rôle central dans la préparation du calendrier des 100 premiers jours, de la première secrétaire Martine Aubry, loyale jusqu'au bout (lire notre article), ou de la candidate de 2007, Ségolène Royal, qui a multiplié les interviews dans l'entre-deux tours pour accrocher les milieux populaires. Le premier rêve du quai d'Orsay, la deuxième figure parmi les prétendants à Matignon, tout en convoitant, depuis longtemps, un grand ministère de la culture, et la troisième a déjà demandé la présidence de l'Assemblée nationale.

A l'inverse, d'autres ont eu du mal à se faire une place dans l'équipe. C'est paradoxalement le cas de Pierre Moscovici, imposé directeur de campagne par Hollande dès la primaire, aux dépens des fidèles. Pour ses adversaires – nombreux –, il est celui « qui ne sert à rien », ou « celui qui ne travaille pas ». Ancien ministre aux affaires européennes dans le gouvernement Jospin, il n'a pas davantage réussi à s'imposer sur le terrain diplomatique : un projet de grand discours sur la politique étrangère a été abandonné ; et le meeting européen, voulu par Moscovici, s'est transformé en « rencontre », bien plus modeste, au Cirque d'hiver, fin mars (lire notre enquête).

Ce proche de Dominique Strauss-Kahn est aussi vertement critiqué dans les rangs hollandais pour s'être longuement attardé avec l'ancien directeur général du FMI, mis en examen pour proxénétisme aggravé, lors de l'anniversaire de Julien Dray dans l'entre-deux tours. Au moment de le nommer, déjà, Hollande lui avait demandé s'il n'était pas mêlé à "l'affaire du Carlton".

Cela dit, "Mosco" est resté présent aux côtés du candidat Hollande, les notes des conseillers et de l'équipe de campagne passaient aussi par lui. Il n'a jamais disparu de la photo. Il pourrait obtenir un grand ministère en cas de victoire (peut-être à Bercy ou le quai d'Orsay, où il est en concurrence avec Fabius).

A un autre niveau, le député Jérôme Cahuzac, très apprécié pour sa fine connaissance des dossiers économiques et fiscaux, a multiplié les déclarations à l'emporte-pièce, agaçant au plus haut point Solférino (à lire ici). Michel Sapin avait même dû le désavouer publiquement et Cahuzac s'est récemment fait plus discret.

Sont par ailleurs quasiment portés disparus les "aubrystes" du secrétariat national du PS. Plusieurs avaient pourtant été intégrés à l'équipe de campagne mais ils n'ont guère pesé sur la ligne et ils ne se font guère d'illusions pour la suite. « Au gouvernement, ce sera comme dans la campagne : Hollande ne prendra quasiment que des hollandais », assure l'un d'eux. Même chose pour l'aile gauche du parti, incarnée par le porte-parole Benoît Hamon, et marginalisée depuis la candidature Montebourg lors de la primaire socialiste.

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